Dissertation:


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Sujet 1

 Vous commenterez et discuterez l’affirmation du critique Pierre-Georges Castex à propos du personnage de Julien dans Le Rouge et Le Noir de Stendhal: « On se méprend souvent sur Julien Sorel. On en fait un coeur sec, un calculateur cynique et froid. Nul pourtant n’est plus passionné que lui. » Eléments de correction: I. Froid, sec, cynique et calculateur, il l’est en effet. a. Un coeur sec: Avec les enfants « Les enfants l’adoraient, lui ne les aimait point; sa pensée était ailleurs. » Avec Elisa à qui il est insensible et qu’il éconduit. Ou encore ses employeurs: « S’il eût cessé cessé de voir M. De Rénal, en huit jour il l’eût oublié, son château, ses enfants et toute sa famille. Avec Mathilde: « il s’étonnait de l’absence de bonheur; enfin, pour le sentir, il eut recours à sa raison. » b. Froid: Avec les enfants: « Froid, juste, impassible, et cependant aimé, parce que son arrivée avaient en quelque sorte chassé l’ennui de la maison, il fut un bon précepteur. » Avec Mme Derville: « Julien la regarda froidement avec des yeux où se peignait le plus grand mépris ». c. Calculateur et cynique: « Il ne faut pas mal augurer de Julien; il inventait correctement les paroles d’une hypocrisie cauteleuse et prudente. » Il s’efforce plus qu’il ne ressent, il calcule et tracte avec sa timidité. « Il décida qu’il fallait absolument qu’elle permît ce soir-là que sa main restât dans la sienne. » « Julien avait raison de s’applaudir de son courage, jamais il ne s’était imposé une contrainte plus pénible. » Sa vocation religieuse naît en voyant l’évêque auquel il s’identifie presque aussitôt: « Si jeune, pensa Julien; tout au plus six ou huit ans de plus que moi! » Il fait le séminaire sans s’intéresser le moins du monde à la liturgie ou même beaucoup au fait religieux, il n’a pas la foi. Mathilde: « Il calculait qu’après cinq ou six ans de soins, il parviendrait à s’en faire aimer de nouveau. Au marquis en colère: ` « La réponse fut fournie par le rôle de Tartuffe: « je ne suis pas un ange » II. Mais il est également passionné, incontrôlé et excessif dans plusieurs domaines. a. Une soif de savoir. « Avec une âme de feu, Julien avait une de ces mémoires étonnantes ». Il connaît la bible par coeur. Une admiration sans borne pour Napoléon (dont il cache le portrait sous son lit.) et auquel il s’identifie: « L’oeil de Julien suivait machinalement l’oiseau de proie. Ses mouvement tranquillement et puissant le frappaient, il enviait sa force, il enviait cet isolement. C’était la destiné de Napoléon; serait-ce un jour la sienne? » Il connaît par coeur des passages des auteurs profanes Virgile, Horace… et il oublie même qu’il passe un examen religieux. b. Passionnément, rapidement, dangereusement amoureux: « En peu de jours, rendu à toute l’ardeur de son âge, il fut éperdument amoureux ». Il n’a aucune limite dans ce domaine: le mariage, la maternité, l’âge, la fonction ou la classe ne sont pas des limites. c.Passionnément ambitieux. Près à se faire prêtre. Son amour pour Mathilde est davantage mené par l’ambition et il y met une certaine passion « Cette tête si froide était, comme on voit, tombée à l’état de déraison complet ». Même dans la mort: refus de l’appel. « Laissez-moi ma vie idéale. » III. Il est surtout blessé, en quête de reconnaissance sociale et déclassé dans son ambition même. a. Le désamour de son père/ l’affection de l’abbé Chélan. « Julien avait honte de son émotion; pour la première fois de sa vie, il se voyait aimé; il pleurait avec délices… » « Là, comme à la scierie de son père, il méprisait profondément les gens avec qui il vivait, et en était haÏ ». b. Le mépris de sa classe. « Pour lui, il n’éprouvait que haine et horreur pour la haute société où il était admis, à la vérité au bas bout de la table, qui explique peut-être la haine et l’horreur ». « Ceux des amis de Celle de La Mole, qui étaient placés près de lui à l’extrémité de canapé, affectaient en quelque sorte de lui tourner le dos… c’est une disgrâce de cour, pensa-t-il». Il se protège: « Si je veux être estimé d’eux et de moi-même, il faut leur montrer que c’est ma pauvreté qui est en commerce avec leur richesse; mais que mon coeur est à mille lieues de leur insolence et placé dans une sphère trop haute pour être atteint par leur petites marques de dédain ou de faveur. » La justice de classe dénoncée pendant le procès. c. L’ambition l’isole encore plus que son caractère: Un héros de formation, un parcours d’ascension sociale… « … qui me dit que j’aurai encore le feu sacré avec lequel on se fait un nom? » (refus de l’offre d’association avec Fouqué. ) « Après tout, pensait-il, mon roman est fini, et à moi seul tout le mérite ». C’est un personnage continuellement « déclassé »: intellectuels chez les manuels, ouvriers chez les bourgeois, bourgeois chez les classes populaires, provincial à Paris, serviteur (mais secrétaire) chez les aristocrates, bonapartiste chez les ultra-monarchistes… Au séminaire: « M. Chélan avait été imprudent pour Julien comme il l’était pour lui-même. Après lui avoir donné l’habitude de raisonner juste et de ne pas se laisser payer de vaines paroles, il avait négligé de lui dire que, chez l’être peu considéré, cette habitude est un crime; car tout bin raisonnement offense » (Julien parmi les séminaristes). A Paris: « Sa taille, sa tournure, n’avaient plus rien du provincial »; il n’en était pas ainsi de sa conversation; on y remarquait encore trop de sérieux, trop de positif. » (avis de Mathilde) « Je ne saurais être un bon juge, mademoiselle; je passe ma vie à écrire: c’est le premier bal de cette magnificence que j’aie vu. » Il est même insulté par un laquais. « Messieurs, je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune. »

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